Premier geste du matin
La première chose que je fais le matin en entrant dans mon atelier, c’est de choisir la musique qui va m’accompagner pendant plusieurs heures. J’aime beaucoup le jazz et la bossa nova parce que ce sont des styles où l’humain et la création prédominent, comme pour la terre. Parfois, j’opte pour Michel Petrucciani ou pour Miles Davis. Parfois pour Michel Legrand, Ella Fitzgerald ou Norah Jones selon mon humeur ou selon le tempo en fonction du travail à faire. Cela m’aide à me concentrer, à me plonger dans un monde de sensations.
Je décore
Je laisse sécher toutes les pièces fraichement tournées toute la nuit sous un plastique et les tournasse le lendemain. Cela signifie que je reprends chaque pièce sur le tour pour l’affiner, soigner sa surface en la polissant à l’estèque avant de la décorer d’un engobe.
Ensuite vient la phase de texture graphique :
Je grave la surface de mes pièces pour créer des jeux de textures. C’est un moment privilégié où je suis très concentrée, je dois être calme pour ne pas trembler ou traverser la paroi. Je m’installe confortablement auprès d’une lumière rasante pour mieux distinguer la surface. Je trace d’abord des lignes repère puis je grave en gardant toujours une main à l’intérieur pour sentir l’épaisseur de ma pièce. Parfois, pour éviter que la pièce ne sèche trop vite entre mes mains, je mets des gants très fins pour atténuer la transmission de ma chaleur corporelle. Car si la pièce est trop sèche, elle peut casser sous la pression de l’outil.
Autant de gestes qui rendent notre métier fascinant et différent chaque jour.
Ensuite, après un séchage de 3 à 5 jours, voici venu le temps de la première cuisson que l’on appelle “dégourdi” à 980°c.
J’émaille
Après avoir poncé les surfaces pour éliminer toute trace d’éponge, de tournassage, j’applique un émail par trempage en ayant fait au préalable des réserves à la cire sur les parties que je ne veux pas voir émaillées. A l’intérieur, j’utilise une couverte transparente et brillante.
La dernière cuisson à 1270°c permettra de vitrifier la pièce entière (émail et porcelaine) afin qu’elle ne soit plus poreuse.
Si on a bien respecté toutes les étapes minutieusement, tout se termine bien !
Mais le travail n’est pas encore totalement fini. Après cette 2ème cuisson, je ponce à nouveau chaque pièce avec un papier de verre très fin (600 microns) toutes les parties non émaillées pour que la porcelaine soit douce et soyeuse au toucher.
Voilà donc un résumé de mon activité dans l’atelier entre autres car il y a aussi la recherche de forme, des essais de nouveaux émaux, le recyclage de la terre, la préparation des engobes… bref, que des choses passionnantes et variées !